Chatla, la petite fille maya (chapitre 1)

Je me suis décidé à tenter ma première régression plusieurs mois plus tard, le 14 août 1991 précisément.

J’ai utilisé la méthode d’auto-hypnose telle que décrite par l’écrivain Florence Wagner Mc Clain. Techniquement parlant, comment se déroule une session ? Tout d’abord, j’ai enregistré sur une cassette audio le texte qui va me permettre d’entrer en relaxation, puis en régression. La première partie consiste à nous plonger doucement dans un état de relaxation de plus en plus profond, puis on continue par l’enregistrement des questions possibles, plutôt basiques, relatives à ce que l’on pourrait voir.

Totalement novice dans le domaine, et plutôt sceptique sur les résultats à venir, j’ai quand même mis toutes les chances de succès de mon côté, en éclipsant toues les idées, positives ou non, relatives au résultat de l’expérimentation. Je commence à plonger dans un état proche du sommeil, et tout se passe sans encombre. Environ trente minutes plus tard, je demande enfin à visiter des souvenirs existant avant ma naissance, en sous-entendant un événement passé qui pouvait m’être utile à l’heure actuelle.

Vais-je réellement recevoir mentalement des images, ou bien me retrouver devant une vision désespérément vide, comme devant un tableau noir ? Pendant plusieurs dizaines de secondes, qui m’ont paru être des minutes, je n’ai rien vu. Puis, j’ai été intrigué : en effet, j’ai commencé à percevoir une image, aux contours un peu flous au départ, puis de plus en plus nets. Est-ce que mon imagination a pris le relais, pour contenter un désir inconscient de voir quelque chose ?

Dépassant mon étonnement, je commence à observer des images animées, d’un lieu et d’une époque inconnue pour le moment. A cet instant, naturellement, je ne sais pas à quoi cela correspond. Ce n’est que quelques minutes plus tard que je commence à discerner toute la scène. Très vite, tout semble prendre vie devant mes yeux clos, alors que je suis allongé sur mon lit. Il ne me faut pas longtemps pour localiser l’endroit où je me trouve. La scène se situe en haute altitude, parce que, de mon point de vue, j’observe l’Amérique centrale. Incontestablement, je m’aperçois que ma vision se stabilise de plus en plus au-dessus du Mexique. Au même moment, je demande à aller sur le lieu exact, et je me positionne alors à quelques dizaines de mètres au-dessus d’un temple maya. Lors de la descente et pendant que ma vision se stabilise, j’ai reconnu la cité maya de Chichen-Itza, qui se trouve dans la péninsule du Yucatán. Je me trouve maintenant devant la pyramide, connue sous le nom d’El Caracol.

Durant toute la session, je me suis contenté d’observer les scènes qui défilaient devant mes yeux. Ce n’est qu’à l’état conscient que j’ai pris une feuille de papier, pour commenter tout ce que j’avais vu.

J’ai pris le choix de garder le ton employé lors de mon débriefing. En effet, j’ai pris le parti de le conserver tel quel, pour garder le charme de ce compte-rendu, qui a été écrit à chaud, à la sortie de la régression.

Mon esprit semble partir à une vitesse folle. Tout à coup, je me vois « flotter » au-dessus d’un pays qui n’est pas la France. Je reconnais ce pays : je suis rendu au Mexique. Je me trouve très haut dans le ciel, puis, brusquement, je tombe d’un coup vers la terre ferme, en l’occurrence une cité antique. En quelques secondes seulement, je me retrouve au-dessus de la cité maya de Chichen-Itza. Impossible de la confondre avec autre cité, avec sa place centrale si caractéristique. Je termine ma descente vertigineuse, et, oh surprise, je me retrouve alors dans la peau d’une jeune fille. Elle porte sur elle comme un gilet, de couleur grisâtre. Elle est petite, je lui donnerais entre six et huit ans peut-être. Je pose mentalement la question concernant son prénom, et j’entends le mot Chatla.

Au moment où je suis « arrivé » en elle, elle est en train d’observer le cénote, le puits sacré de la ville. En l’observant, elle semble à la fois émerveillée, mais également effrayée. Puis, j’entends une voix féminine qui se rapproche de plus en plus. Après quelques mots entendus, je sais instinctivement que c’est sa mère : elle vient la chercher, et l’interpelle. Elle venait la récupérer. Étrangement, je ressens les émotions de cette fillette, et, à ce moment-là, je ne sais pas pourquoi, mais elle avait peur. Il faut comprendre que je suis véritablement en elle, totalement persuadé que c’est « moi » à cette époque.

J’avance dans le temps, comme si j’avais à loisir de dérouler sa vie en accéléré. Je fais défiler les images rapidement, pour me retrouver dans une maison, la nôtre, ou celle de la petite fille et sa famille, je ne sais pas. L’intérieur est constitué d’une pièce unique, et je vois une table et deux bancs. Les murs sont faits comme en boue séchée, mais je ressens la présence du bois aussi. La première partie de la maisonnée, sur une hauteur d’un mètre environ, est construite en pierre. C’est ici que l’on vit.

Je repars aussitôt sur une autre scène, à un autre moment. Dans la maison, mon père me cause, pendant que ma mère rentre à ce moment-là. Je crois qu’il me fait la morale pour que je n’aille plus voir le puits. Ce qui est étrange, c’est que je ressens une émotion particulière : dans la voix de mon papa, il y a de la tristesse, comme si celui-ci voulait me dire qu’il ne veut pas me perdre. Je suis dans mes pensées d’enfant, et je me rends compte que je n’écoute pas vraiment son avertissement. Il le dit d’une voix étrange, qui, avec du recul, semble annoncer quelque chose de grave, d’inévitable. Je n’en comprenais pas le sens, à ce moment-là.

Je demande à nouveau à mon esprit de me propulser jusqu’au moment le plus important de la vie de cette fillette. Je me retrouve alors avec des enfants de mon âge. On est nombreux, garçons et filles confondus. On est placé deux par deux, en file indienne. attaché à notre pied droit, C’est étrange, on nous a accroché une chaîne à la jambe avec, au bout, un bloc de pierre ! Que diable vient faire ce boulet à nos pieds ? Sommes-nous des prisonniers ? Pourtant, ce n’est pas mon ressenti. Tout autour de nous tous, il y a beaucoup de monde qui regarde le cortège. On passe à présent sur la grande place, et j’entends psalmodier un prêtre. Il est habillé d’une robe rougeâtre, et il crie, il chante et il danse à la fois. Il est même à la limite de l’hystérie. L’ambiance est étrange, solennelle. Que se passe-t-il ?

Malheureusement, j’arrive déjà à la dernière question que j’ai posée au préalable dans l’enregistrement audio . Je dois me rendre aux derniers instants de ma vie. Et là, je me vois en train de… mourir. En fait, je me retrouve dans la continuité de la scène que je viens de percevoir. Cela se passe le même jour, en tout cas. Le cortège est arrivé près du puits sacré. Quelle horreur : devant moi, chaque lignée d’enfants sautent dedans ! Mon tour arrive. Je saute aussi, et je m’enfonce dans le lac, oui, je suis en train de couler. Dans ma chute, qui me paraît interminable, j’aperçois au-dessus de moi les autres qui sautent à leur tour. Certains semblent encore parler ou crier sous l’eau, jusqu’à ce qu’ils soient asphyxiés. Je suis moi-même en train de couler, mais il me semble que je ne dis rien : j’accepte cette fatalité.

Ainsi s’achève la fin de sa vie. Je ferme les yeux pour l’éternité. Mais… ce n’est pas fini ! Maintenant, je vois la continuité de la scène, mais d’un point de vue différent. Je suis maintenant en vue extérieure, comme si j’étais détaché du corps de la petite fille. Je repère très vite la fille, pour me rendre compte que son corps, inerte, finit par s’étendre sur des sédiments vaseux, sur le côté droit du puits. Puis, j’aperçois comme un petit éboulement de pierres, qui lui tombent dessus.

Ici, je suis calme, serein, je ne ressens pas la douleur, ou même de la peine. Je quitte la séance et j’ouvre à nouveau les yeux deux minutes plus tard. Je note qu’un événement singulier a eu lieu, lorsque j’ai vu la scène où je suis en train de couler dans le puits. En effet, j’ai ressenti un gros coup de froid, comme un courant glacé parcourant tout mon corps, alors que je suis allongé sur le lit et que la température de la pièce est plutôt bonne.

Je n’ai plus fait de régression en terre maya durant cette année-là. J’ai bien tenté deux autres plongées dans les arcanes du temps, où je me suis retrouvé dans deux autres lieux. Finalement, lorsque ces trois sessions ont été effectuées, je n’ai plus ressenti le besoin d’en faire d’avantage pour confirmer ou pas le succès de l’expérimentation. Mieux, j’ai décidé de ne plus faire ces « voyages dans le temps ».

Cette mise à l’écart est survenue après les deux autres régressions effectuées durant ce même été. Même si j’y ai vu des lieux et des époques différents, ceux-ci m’ont laissé comme un goût d’amertume : en effet, comment savoir réellement si tout cela avait un quelconque fondement ? La régression sur le continent perdu de l’Atlantide m’a définitivement convaincu que ces visions pouvaient être des hallucinations, puisque cette civilisation n’avait sensé jamais avoir existé. C’est ainsi qu’au mois de septembre, j’ai décidé d’arrêter ces expériences, mais, au plus profond de moi, je pressentais déjà qu’une étude plus approfondie devait être menée.

Ce n’est que deux ans plus tard qu’un événement inattendu s’est produit. Je réalisais mon rêve d’enfant : j’allais m’envoler pour le Mexique ! En urgence, j’ai préparé une deuxième session, qui s’imposait. Le but était de récupérer d’autres détails, et ainsi, les vérifier sur place.

–> A suivre : Chapitre 2